Gouffre Jean Bernard : Exploration au dessus de la Gourance

du 21/02 au 22/02/2015 | Samoëns (74 - Haute-Savoie) | France

Vendredi 20 février

A 20 secondes près, nous arrivons en même temps sur le parking, à 22 h 30. La montée au refuge se fera sous les étoiles, principalement sur un sentier qui ressemble plus à une piste de bobsleigh qu’à autre chose. L’équilibre est parfois précaire. Nous chaussons les raquettes à la sortie de la forêt, et arrivons au refuge 2 h 10 après être partis.

 

En sortant mes affaires de mon bidon, je ne trouve ni mon duvet, ni mon sac en polaire. Finalement, après avoir ouvert tous les bidons, je mets la main dessus. Ils avaient été rangés à mon insu dans un bidon « collectif », alors que ce n’est pas du matériel collectif. Vu la température je récupère ma plaire qui pendait « à l’arrache » sur un cintre. Et dans les poche, j’y trouve des mouchoirs usagés, ainsi qu’une brosse à dents et du dentifrice… Evidemment, je râle…

Nous nous couchons à 3 h du matin…

Samedi 21 février

A cause de la soirée de la veille, nous nous levons à 10 h, et le temps de faire les sacs, nous partons à midi, raquettes aux pieds. Autant la veille la météo était superbe, autant ce jour, il tombe quelques flocons.  Nous trouvons le V4bis sans problèmes au bout d’une heure de montée, et nous entrons sous terre à 13 h 30.

Nous descendons sans nous presser à -500 m. C’est toujours aussi joli. A chaque puits, je vérifie les cordes et les amarrages. Tout avait été bien protégé, mais il y a quand même quelques cordes qui faudra changer, certaines ont ramassé au niveau des amarrages. A -500 m, notre petit dèj’ est loin, alors, nous nous octroyons une bonne pause.

Puis nous partons en direction de la Gourance que nous descendons. Nous remontons ensuite vers la première de l’hiver 2014. De belles escalades ont été faites. En revanche, l’équipement est à refaire, il y a de nombreux frottements et il y a possibilité parfois d’équiper ailleurs et/ou bien plus confort…

Arrivés au terminus 2014, nous sortons le matériel d’artif pour traverser le P30. Il est 21 h. Je suis mitigé sur la suite, je ne m’attendais pas à cette morphologie avec les descriptions qui m’avaient été faites. Oui, ça ressemble plus ou moins à une conduite forcée, oui, on voit du noir au loin, mais c’est surtout sur faille et ça ressemble plus à un sommet de puits/salle sur blocs coincés qu’autre chose. Mais il faut quand même aller voir.

Arnauld part avec le perfo, je l’assure, et Lolo nous encourage. Au bout de 6 points, Arnauld sort la traversée qui nous équipons en pendule. Puis nous continuons sur une banquette glaiseuse en main courante sur une vingtaine de mètres. Nous arrivons sur un nouveau puits, et en face, nous voyons que ça continue. Arnauld commence à équiper en vire pour traverser ce puits, mais après avoir jeté un coup d’oeil en bas, j’ai l’impression que ce qu’on voit est le sol, et que ça remonte dans la direction de la suite. Nous descendons donc sur les derniers points posés sur la vire. il y aura peut être moyen d’équiper ce passage de façon plus confortable.

Quatre mètres plus bas, nous prenons effectivement pieds sur le fond d’un méandre, de 2 m de large, le sol est en glaise. Vers l’aval, il arrive dans le P30 précédemment traversé. Vers l’amont, nous remontons le long d’une pente de 25°. Un virage vers la droite est un peu plus étroit, mais le méandre s’agrandit juste après. Une trentaine de mètres après le puits que nous avons descendu, le sol du méandre se redresse à 70/80°. Le plafond est à 7 m au dessus de nos têtes, et la, pour le coup, il a vraiment une gueule de conduite forcée, et un départ semble se dessiner, mais c’est difficilement visible. Les parois sont tapissées d’une très fine couche de glaise qui empêche toute escalade en libre.

Nous décidons de continuer, mais nous avons laissé les étriers au puits précédent. Arnauld commence alors à monter en Artif uniquement avec deux pédales, ce qui donnera le nom à cette escalade. Une fois au plafond, il est presque en bout de corde. Il pose un relais béton et redescend. Nous n’avons donc pas sorti l’escalade, mais la suite a été vue : c’est une galerie de 2 m par 2 m, qui barre. Dans le méandre, j’avais l’impression qu’il y avait un peu de courant d’air. Arnauld m’a confirmé qu’en haut, c’est clair, il y a du courant d’air, et il est aspirant (de nous vers la galerie à explorer la prochaine fois ). Nous faisons demi-tour en topographiant. Il est déjà 01 h du matin.

Dimanche 22 février

Nous ne nous attardons pas trop, et remontons vers le Bivouac -500 m. Je suis devant, et au sommet du puits de la Gourance, j’attends un peu Laurence dans le méandre. Je suis surpris parce qu’à ce niveau, je ressens un vrai courant d’air soufflant (Gourance vers Bivouac -500 m) très net, je n’ai pas besoin de le chercher. C’est intéressant parce que c’est le même sens qu’à notre terminus, c’est à dire du fond vers un amont !

A -500 m, nous refaisons une bonne pause bouffe. La fatigue se fait sentir. Nous levons rapidement un inventaire du matos (liste mise à jour sur le drive), et repartons vers la surface à 04 h 30. Nous sortons au soleil à 9 h 30. Il fait presque beau, on voit pas mal de ciel bleu, mais ça caille. Et dans la nuit, il est tombé entre 40-50 cm de poudreuse ! C’est beau tout plein ! Je fais l’erreur d’enlever les chaussures de canyons et les chaussons néoprène pour remettre mes chaussures de rando. Ce sont de vrais blocs de glace ! Dans le couloir sous le V4, le brouillard venant dans la vallée nous rejoint, et c’est dans un jour pas loin d’être blanc que nous continuons la descente. Mais les repères sont bons, et nous trouvons le refuge sans galérer à le chercher.

Au refuge, nous nous couchons à midi pour nous réveiller à 15 h. Nous plions le refuge et sommes aux voitures à 18 h. Au vu de la fatigue, je préfère rester dormir à Morillon et ne pas revenir sur Grenoble !

Quelques remarques :

Au final, c’était une super sortie, nous n’avons pas avancé de beaucoup, probablement de 60/70 m, mais le résultat est très intéressant. Le terminus est plus joli que le précédent. Avant d’y aller, nous nous posions la question de savoir si cette galerie correspond ou pas à la conduite forcée au sommet du P11. Je n’ai pas encore entré la topo de ce weekend, mais j’ai l’impression que la direction que nous avons pris (N/NE) n’est pas celle vers le P11 (plein E). De plus, j’ai l’impression que nous sommes déjà bien plus haut en altitude, et ça continue à monter !

Ensuite, les courants d’air que nous avions étaient clairs. C’est la première fois que je fais cette observation dans cette partie du réseau, où les courants d’air étaient plutôt décrits comme locaux et liés aux cascades. La Gourance shunte une zone siphonnante de la rivière, donc les courants d’air ressentis ne peuvent pas être liés au mouvement de l’eau dans la rivière, ce n’est pas une boucle. De plus, ils ont la même direction en plusieurs endroits (aval vers amont), ce qui montre montre :

  1. La galerie vue à notre terminus doit rejoindre la rivière quelque part en amont de notre point,
  2. Cela semble corroborer l’hypothèse qu’il existe un réseau de conduites forcées fossiles au dessus/décalées de l’actif que nous n’avons pas encore trouvées…
  3. il doit forcément exister une sortie quelque part vers l’aval… Vu que les courants d’air ne sont pas très forts (en regard de la dénivellation avec le V4) et que le V4 se comporte comme une vraie entrée basse (et non intermédiaire), cette entrée dans l’aval ne doit pas être importante, où tout du moins comporter pas mal de pertes de charge… Ce qui va donner du travail à nos artificiers…
TPST : 20 h

Participants à l'activité

Xavier RXavier R.

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