Grotte de la Lutinière

le 06/09/2020 | Le Fontanil-Cornillon (38 - Isère) | France

Tout d’abord, un peu de Géologie : La Chartreuse est un massif complexe, de jolies dalles calcaires, pliées, fracturées, déchirées dans tous les sens. C’est le cauchemar des spéléos d’explorations : des réseaux immenses, labyrinthique, mais aussi des trous étroits, à tendance verticale… Prononcez le mot « Kriska » devant La Rouille, et vous comprendrez de quoi je parle.

Bref, parmi tout ces réseaux, il en est encore quelques uns qui résistent aux spéléo, et en particulier le collecteur sud de la Grande Sure. Ces eaux ressortent rapidement à la résurgence du Fontanil, à Fontanil-Cornillon. C’est une résurgence majeure de Chartreuse (la cinquième en termes de débit), mais malheureusement impénétrable.

A 150 m de là , s’ouvre la grotte de la Lutinière, qui sert de trop plein à la résurgence en forte crue. 40 m de jolie galerie, un premier siphon large et esthétique de 90 m de long (17 m de profondeur), puis 80 m de galeries et un S2, plongé sur 70 m de long (point bas à -23 m) et arrêt sur trémie (http://www.plongeesout.com/sites/raba/isere/lutiniere.htm)

Tout les plongeurs du coin en connaissent le nom, mais personne n’y plonge. C’est un mystère pour moi.

J’y avais plongé il y a très longtemps, à mes débuts et m’étais arrêté devant le S2, peu engageant, mais en gardant l’idée de revenir. Xa avait aussi fait de même.

L’année dernière, lors d’une plongée avortée au Gît avec Cédric, nous nous rabattons sur la Lutinière. Cédric plonge le S2 jusqu’au terminus. Son verdict : il faut revenir : ce n’est pas si sûr que ça que cette trémie soit impassable… Ok, c’est noté.

Entre temps, le confinement passe… et nous déménageons sur Grenoble avec Pauline et les enfants le 1er septembre. C’est l’occasion de revoir les terminus pas trop loin de la maison.

 

Rendez-vous est donné à 9 h devant le trou. Pauline ayant besoin de la voiture, j’y vais en vélo (électrique) depuis Seyssins, chargé comme un baudet. Cédric m’amène les bouteilles, heureusement, un grand merci à lui ! Nous avons un Bi 6 L 300 bar + 1 relais de 4L pour le S1. L’objectif : refouiller complètement le S2. Les niveaux sont très bas et la visibilité est exceptionnelle (10 m ?). Le S1 est de toute beauté, avec ses formes et ses arches sculptées. Nous franchissons l’inter-siphon rapidement et avons une bonne surprise en arrivant devant le S2 : celui-ci est 1,5 m plus bas que l’année dernière. L’étroiture d’entrée du siphon est hors de l’eau : c’est une très bonne occasion pour l’élargie et sécuriser le passage en enlevant les blocs instables.

Nous plongeons le S2 : la visi est toujours aussi bonne, ce qui permet de bien fouiller le siphon. 3 fils sont en place, dont celui posé par Cédric l’année dernière. Les trois fils sont coupés par endroit : il faudra nettoyer la zone sérieusement ! Au bout de 30 m, le siphon s’élargit en une petite salle à la faveur d’un croisement de faille. Nous repérons le départ d’une petite galerie : ça semble continuer un peu, il faudra revenir. Nous continuer vers la suite logique, constituée d’une étroiture entre des blocs au poins bas de la salle. Ca se passe sans trop de soucis. La galerie continue à descendre jusqu’à -23 m, puis remonte le long du joint de strate à la faveur d’un changement de direction. Une vingtaine de mètres plus loin, nous tombons sur la trémie terminale. Cédric m’a bien briffé, je m’y engage rapidement avec pour but d’analyser au mieux la configuration avant que la touille ne nous tombe dessus. Un petit coup d’oeil vers le haut : un passage serait effectivement envisageable. Une petite marche arrière et je rejoins Cédric. On fait le point : les blocs sont quasi-pleins… J’hésite… Ok, je tente de m’engager. Au pire, le fait de rester dans la zone plus longtemps permettra de faire tomber le maximum de touille avant une prochaine plongée.

Je m’engage d’abord sans fil. Cédric me fait la sécu en restant près de mes palmes. Effectivement, en se contorsionnant, on arrive à avancer un peu. Je tâte le terrain : un bloc est instable, mais heureusement, j’arrive à le basculer en dehors du passage.  Le reste me parait plutôt sain. Je reviens en arrière vers Cédric. Je lui fais signe que je retente le passage, en tirant le fil cette fois. Je m’engage dedans : ça passe bien mieux sans le bloc ! Et hop, comme une fleur, je m’extirpe de la trémie et tombe dans un grande salle de plusieurs mètres de large, de long et de haut. A force de brasser dans la zone, la visi est réduite, je n’y vois plus grand chose. J’attache proprement le fil est je fais demi-tour pour rejoindre Cédric. Nous ressortons du siphon frigorifiés, mais content : un des plus fameux terminus de résurgence de chartreuse vient d’être franchi ! C’est une super nouvelle ! On peut rêver de la suite : 6 km nous sépare de l’amont du bassin versant… Avec un modique dénivelé potentiel de 1600 m… Une bagatelle !

TPST : 2 h

Participants à l'activité

Stéphane LStéphane L.

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